Agonie d’une passion

« 28 février 1942 ; 10 heures du matin

[…] Voilà que Pierre s’est introduit dans mon existence, ou moi dans la sienne, ce qui est à peu près la même chose. Je me souviens très mal des premiers jours passés ensemble, depuis le soir où Francis Forster nous avait présentés l’un à l’autre, à l’issue de la générale de Cœurs Ennemis. Ce que je sais en tout cas, et c’est cela qui est remarquable pour moi, c’est que je n’ai pas essayé de construire avec lui. Tout s’est fait naturellement. Nous avons couché ensemble dès ce premier soir. La rue Bridaine a retenti fort tard cette nuit-là des échos de cette découverte de nos corps. Pierre me parut très émouvant lorsqu’il se trouva nu devant moi, rapidement déshabillé, ne pouvant pas dissimuler l’envie qu’il avait réfrénée toute la soirée. Je me suis déshabillé à mon tour, lentement, lui laissant le loisir de regarder chaque élément de mon anatomie. Je n’ai jamais eu honte de montrer mon corps. Pierre a su l’apprécier et s’en rendre maître toute la nuit. Il était beau, à peine éclairé par le halo de la lune qui pénétrait dans la chambre par l’une des fenêtres, le torse luisant de sueur, le regard encore un peu hagard, son sexe retrouvant enfin le repos après ses multiples assauts. […] » (Horlange, 31-32)

– Franz Arsene

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